«Nous avons apporté en Afrique des attributs de la culture russe, si tant est qu’on puisse la ranger dans deux valises»
Les jeunes actifs et dynamiques cherchent leur place dans un espace nouveau et en constante transformation. Ils ne se contentent pas de vivre leur époque, mais participent activement à sa création. Ils nous racontent leurs histoires inspirantes à travers le prisme de leurs expériences personnelles, de leurs émotions et de leurs rêves. Et nous sommes prêts à les partager avec vous.
Le héros de cet article est Danil Sviatokho, étudiant à l’Université pédagogique d’État K. D. Oushinsky de Iaroslavl, qui est devenu une partie intégrante d’un projet reliant la Russie et l’Afrique. Mais avant cela, un grand travail a été réalisé par l’une des plus anciennes l’Universités pédagogiques du pays, lorsqu’elle a pris en 2023 la mission de créer un Centre d’Éducation Ouverte de YSPU en République de Côte d’Ivoire.
Cependant, derrière les formulations officielles, il y a toujours des gens. Danil est l’un de ceux qui sont venus en Côte d’Ivoire pour faire découvrir la culture russe aux étudiants locaux et s’immerger lui-même dans un monde si différent de celui auquel il est habitué. Danil nous a parlé du festival et des programmes éducatifs, ainsi que de la manière dont deux mondes différents ont réussi à trouver un langage commun.
— Au Centre d’éducation Ouverte, les professeurs de notre Université enseignent la langue russe aux jeunes Africains et leur font découvrir notre culture. En novembre de l’année dernière, nous avons organisé en Côte d’Ivoire le festival «Russie — Mon Amour», raconte Danil. — Nous sommes venus pour montrer que la culture russe est bien plus que des kokoshniks et des matriochkas.
À l’Université pédagogique d’État K. D. Oushinsky de Iaroslavl, Danil Sviatokho se forme en tant qu’enseignant de langue russe et de culture artistique mondiale, et son intérêt scientifique est lié à la culture traditionnelle de la Russie et de ses régions. Il étudie principalement les peintures nordiques et le folklore.
— Chez moi, j’ai une balalaïka et des gusli, dit-il. — Parfois, je prends des instruments pour ressentir le lien avec ce que j’étudie. Cela m’aide à mieux comprendre la culture.
Dans cette histoire, il y aura tout: les premières impressions de la chaleur africaine, la découverte de la culture locale et des danses envoûtantes. Mais le plus important, ce sont les gens. Ceux qui ont accueilli Danil et la délégation avec des sourires, ceux qui les ont aidés à comprendre ce qu’est l’Afrique authentique, et ceux qui, après le festival, ont écrit: «Merci de nous avoir fait découvrir la Russie».
Premières impressions: chaleur, cuisine locale, vendeurs ambulants
Le voyage sur un autre continent a été pour Danil une véritable aventure. Au début, les étudiants et le personnel de l’Université ont été avertis qu’ils allaient faire face à une nourriture et à une chaleur inhabituelle.
— On nous avait prévenus qu’il faisait chaud et humide en Côte d’Ivoire — et j’ai ressenti cette véritable chaleur africaine dès que nous sommes sortis de l’aéroport. Respirer était difficile, mais nous nous sommes rapidement acclimatés, se souvient-il. — Nous étions logés dans un quartier d’affaires et avions la possibilité de contempler l’Afrique authentique seulement par la fenêtre de la voiture. Mais même cela était impressionnant.
Ce qui a frappé Danil, ce sont les relations humaines des Ivoiriens, qui sont très ouverts et toujours prêts à aider. Par exemple, un jour, deux étudiantes de l’Université d’Abidjan ont proposé de nous aider à porter des sacs lourds. Et il n’est pas d’usage de refuser dans de tels cas — cela peut être perçu comme une insulte.
— Un jour, dans le hall de l’hôtel, des garçons sont venus vers nous avec un gâteau. Ils ont dit quelque chose en français, et j’ai répondu. " Non, merci beaucoup ! " Et je n’ai compris que plus tard qu’ils célébraient un anniversaire à la table voisine et voulaient nous inviter, car nous étions devenus des participants involontaires de leur fête. Je me suis senti mal à l’aise à cause de mon refus. J’espère qu’ils m’ont pardonné, raconte Danil.
Peut-être que la barrière linguistique a aussi joué son rôle.
— Je ne connais pas très bien l’anglais et pas du tout le français. Alors, j’ai dû rafraîchir mes connaissances. Je me souviens très bien à quel point c’était difficile de parler anglais pendant toute la journée. Vers le soir, j’avais terriblement mal à la tête, se souvient Danil. — Quand je suis rentré en Russie, il m’a fallu un certain temps pour m’habituer à l’idée que je peux maintenant parler facilement sans traduire en anglais.
Ils cuisinent et vendent directement dans la rue. Oui, à Iaroslavl, cela semblerait étrange. Mais voilà une femme qui est assise et fait frire des bananes — vas-y et achète! C’est simple.
— Ce qui est le plus étrange, c’est qu’il n’y a pas de prix affichés. Un des étudiants, qui s’appelle Désiré, m’a emmené au marché local. Je voulais acheter quelques bracelets comme cadeau et j’ai demandé le prix à la femme qui les vendait. Mais Désiré m’a interrompu et a dit que je devais choisir moi-même: «Tu peux payer 20 ou 40, si tu veux 15 — alors, ce sera 15». Voilà leur politique de prix, — raconte Danil.
Le moment tant attendu: la cuisine traditionnelle africaine. Au goût, avoue-t-il, c’est assez inhabituel: de l’igname (une sorte de substitut de la pomme de terre), des bananes frites en accompagnement d’un poisson ou d’une viande. À propos, la ville d’Abidjan, où l’équipe de l’Université de Iaroslavl est arrivée, est située au bord du golfe de Guinée, c’est pourquoi il y a une abondance de poisson frais dans les magasins locaux.
— Il faut dire que les Ivoiriens ont leur propre manière de diviser la ville. Chez nous, c’est, par exemple, Braguino, Pérékop, mais là-bas, c’est divisé selon des principes de communautés tribales. Ils ne sont pas en conflit les uns avec les autres, c’est juste une appartenance à une certaine lignée.
Même dans la vie quotidienne, les Africains portent des vêtements nationaux. Des robes jaunes, rouges, vertes — c’est une partie intégrante de toute célébration, qu’il s’agisse d’un mariage ou du baptême d’un enfant.
— Je me suis même acheté une tunique artisanale, ils portent ça tout le temps. D’ailleurs, peu importe votre statut social — cela peut seulement varier par la matière textile et la qualité. Beaucoup dépend également de l’occasion: pour une fête, on peut porter des vêtements aux couleurs vives et pour une réunion d’affaires, ceux dans des teintes foncées.
Festival de la culture russe
Le festival «Russie — Mon Amour» a été le point culminant du voyage. Le programme de l’événement était riche: exposition de dessins d’écoliers et d’étudiants africains, ateliers de musique traditionnelle, salle de cinéma avec des vidéos basées sur les contes de Konstantin Oushinsky. Le clou du programme était le concert.
— Nous avons apporté avec nous des balalaïkas, des samovars, des costumes russes. En un mot, tous les attributs de notre culture, si tant est qu’on puisse la ranger dans deux valises, raconte Danil. — Dans les zones interactives, nous avons offert aux étudiants de quatre Universités d’Abidjan du thé avec des biscuits, nous avons joué de la musique et nous avons appris aux gens des jeux populaires. Tout le monde était ravi!
Le concert a été le point culminant du festival et ressemblait à des festivités populaires: chansons et danses populaires russes. Avant le concert, l’Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la Fédération de Russie en République de Côte d’Ivoire — Alexey Eduardovich Saltykov, s’est entretenu avec les jeunes.
— Il nous a dit qu’il viendrait en costume traditionnel russe. Nous avons pensé qu’il plaisantait. Mais voilà qu’il entre dans la salle, accompagné de son épouse, tous les deux vêtus de tenues traditionnelles russes. À ce moment-là, nous avons compris qu’il parlait sérieusement, se souvient Danil. — D’une part, ce geste nous a beaucoup soutenus, et d’autre part, Alexey Eduardovich a montré que la culture russe n’est pas seulement des costumes de scène, mais fait partie de notre quotidien.
En réponse, les étudiants ivoiriens ont présenté leurs danses traditionnelles. En fait, la danse est une partie essentielle de la vie des Africains, qui aiment la musique et le mouvement. Pour nous, la danse est un moyen d’expression, tandis que pour eux, c’est littéralement une partie de la vie. Ils peuvent danser sans accompagnement musical, simplement en frappant le rythme.
— C’était fascinant d’observer la fusion des deux cultures. Les collaborateurs africains nous ont également offert un cadeau culturel. Ils ont invité une troupe de danseurs professionnels qui nous ont emmenés dans un voyage à travers l’Afrique, raconte Danil. — Voir des danseurs entrer dans un état de transe, c’était quelque chose de nouveau pour moi. — À ce moment-là, il est impossible de les arrêter.
Danil a avoué avec un sourire chaleureux, que les étudiants africains remerciaient les étudiants et les enseignants de Iaroslavl de les avoir familiarisés avec la Russie. Mais il était temps de dire au revoir.
Malgré les différences apparentes, Danil a trouvé beaucoup de points communs entre les cultures russe et africaine. Par exemple, les valeurs telles que le respect des aînés, l’hospitalité et l’entraide.
Les sourires des Africains, c’est une manifestation de leur amitié envers le monde et les gens qui les entourent. Les habitants de la Côte d’Ivoire n’ont que deux raisons d’être tristes: la maladie et la mort d’un proche. Tout le reste peut être résolu. Un tel optimisme et un tel amour de la vie méritent d’être appris.
— Quand je faisais mes valises, je pensais: voici la chemise «kosovorotka» dans laquelle Désiré a performé, et voilà ce kokoshnik dans lequel a dansé Maria. C’était triste, comme si l’on quittait une colonie de vacances. Mais j’espère vraiment pouvoir y retourner. Peut-être déjà en tant qu’enseignant...
Nous remercions l’Université pédagogique d’État K. D. Oushinsky de Iaroslavl pour son aide dans la préparation de ce matériel.
Перевод: Христина Геннадьевна Косогорова (ЯГПУ)
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